Faut-il se separer ? Comment savoir si la relation est à bout ?
- Sophie Bakan Thérapeute
- 29 avr.
- 5 min de lecture

Ce moment où le doute s’installe… et ne repart plus
Il ne crie pas. Il ne claque pas la porte. Il ne met pas fin à quoi que ce soit. Il s’installe doucement. Il chuchote d’abord. Et puis, il reste.
Ce doute-là. Celui qu’on n’attendait pas. Celui qu’on repousse d’un revers de la main,
avec mille justifications : la fatigue, les enfants, le quotidien, la charge mentale, la routine. Mais il revient. La nuit. Dans les silences. Dans les soupirs qu’on ne remarque plus. Dans les gestes qui se figent.
« Est-ce qu’on est encore un couple ? »
« Est-ce que je l’aime encore ? »
« Est-ce que je tiens par habitude ? »
« Est-ce qu’on traverse une crise, ou est-ce que c’est la fin qui ne dit pas son nom ? »
Dans mon cabinet, ce doute est presque un personnage à part entière. Il habite les conversations, souvent avant que le mot “séparation” ne soit prononcé. Parce que ce mot fait peur. Parce qu’il engage. Parce qu’il remet en cause des années, des enfants, une maison, des promesses.
Mais ne pas nommer les choses ne les empêche pas d’exister. Et parfois, poser cette question : Faut-il se séparer ?… c’est déjà une preuve de lucidité, de maturité, et de courage.
Ce n’est pas parce qu’on ne se dispute pas qu’on est heureux
Le couple ne meurt pas toujours dans la violence ou le drame. Il peut s’éteindre dans un long silence, une absence d’échanges véritables, une vie en parallèle qui ne choque plus personne.
Certaines personnes me disent :
« On ne se dispute jamais… mais on ne se parle plus non plus. »
« C’est calme, oui. Mais vide. »
« J’ai l’impression de vivre à côté de quelqu’un, pas avec lui.elle »
Ce n’est pas une absence de conflit qui garantit la paix. C’est la présence vivante d’un lien. Un lien qui respire, qui s’ajuste, qui évolue. Un lien qui ne tient pas juste par ce qu’on a construit, mais par ce qu’on continue de nourrir.
Quand on cesse de se parler autrement que pour la logistique, quand on cesse de se toucher autrement que machinalement, quand on cesse de se regarder autrement qu’avec fatigue ou distance… ce n’est pas forcément une raison de partir. Mais c’est un appel à se réveiller.
Et à se demander : qu’est-ce qu’on fait encore ensemble, à part tenir ?
Aimer encore… mais ne plus savoir comment
Il est possible d’aimer quelqu’un… et de ne plus vouloir vivre avec. Il est possible d’avoir encore de la tendresse, de la loyauté, des souvenirs communs… et de ne plus se projeter.
C’est là que le doute devient douloureux : quand le sentiment est là, mais que la dynamique est épuisée. Quand le cœur dit « encore », mais que le corps dit « stop ». Quand l’idée de l’autre reste chère, mais que la réalité part en lambeaux.
Certaines personnes culpabilisent de ne plus avoir envie. D’autres culpabilisent de penser à une autre vie, sans l’autre. Et beaucoup se demandent si leur malaise vient d’eux, ou de la relation.
Dans ces cas-là, il ne s’agit pas de juger ce qu’on ressent. Mais de reconnaître que l’amour ne suffit pas toujours. Qu’il faut aussi de la sécurité, de la vitalité, du respect, du mouvement.
Et que quand tout cela manque, le lien s’étiole, même si l’affection persiste.
« Ce n’est pas rester qui fait preuve d’amour. Ce n’est pas partir non plus. C’est la manière dont tu choisis de te respecter, dans ce que tu décides de nourrir ou de quitter. » — Sophie Bakan
Quand rester abîme plus que partir
Il y a un moment où rester n’est plus un acte d’amour. C’est une forme de survie. Rester pour les enfants. Rester pour ne pas blesser. Rester parce qu’on a peur de tout recommencer. Rester parce que c’est plus simple. Moins coûteux. Moins visible.
Mais à force de rester sans y être, on se perd. On s’étiole. On devient la version effacée de soi-même. On fait semblant. On éteint ce qui aurait pu encore rayonner.
Certaines relations ne détruisent pas frontalement. Elles usent. Elles grignotent la joie. Elles abîment la confiance. Elles te font douter de ta légitimité à désirer autre chose.
Alors non, se séparer n’est pas toujours la solution. Mais quand rester t’éteint plus qu’il ne te construit, il faut avoir le courage de regarder cette réalité en face. Et poser une vraie question : Est-ce que je peux encore m’épanouir ici ?
Se separer, ce n’est pas trahir
C’est peut-être la croyance la plus dure à déconstruire. Celle qui dit que partir, c’est abandonner. C’est renier l’histoire. C’est trahir ce qu’on a vécu, ou ce qu’on a promis.
Mais se separer peut être un acte de lucidité. De respect pour soi. Et parfois, aussi… de respect pour l’autre.
On peut honorer une relation en y mettant fin, quand elle ne permet plus à chacun d’être pleinement vivant.e, libre et aligné.e. On peut dire « je t’ai aimé, et c’est justement parce que je t’ai aimé que je ne veux pas nous enfermer dans une cohabitation sans cœur ».
Il ne s’agit pas de tout quitter sur un coup de tête. Il s’agit de reconnaître quand le lien n’est plus juste. Et de savoir y mettre un point final, plutôt qu’un point de suspension interminable.
Et si on n’était pas obligé de choisir tout de suite ?
Certaines personnes arrivent en thérapie en disant :
« Je ne sais pas si je dois partir ou rester. »
Et je leur réponds souvent :
« Peut-être que la question, ce n’est pas encore ça. »
Parfois, ce qu’il faut, ce n’est pas une décision. C’est un espace. Pour dire. Pour pleurer. Pour poser tout ce qui a été retenu. Pour oser regarder ce qui fait mal, sans chercher tout de suite à trancher.
La thérapie, ce n’est pas une injonction à rompre ou à recoller. C’est un lieu pour retrouver sa boussole intérieure, celle qui a été brouillée par les compromis, les peurs, les habitudes.
Et parfois, après ce travail, le choix devient clair. Il se fait sans violence. Il se fait depuis un espace de conscience. Et là, il devient libérateur.
Ce n’est pas partir ou rester qui compte. C’est comment tu te traites dans ce choix.
Tu n’as pas à avoir toutes les réponses aujourd’hui. Tu as juste besoin de te reconnecter à ce qui vibre encore en toi. À ce que tu veux, à ce que tu ne veux plus, à ce que tu mérites.
Parfois, rester est un acte d’amour courageux. Parfois, partir est un acte d’amour tout court.
Mais dans tous les cas : ce qui compte, ce n’est pas ce que tu décides.
C’est de te choisir dans la manière dont tu vas avancer. Avec conscience. Avec respect. Et sans jamais oublier que tu as le droit de vouloir plus. Pour toi. Pour l’autre. Pour la relation.
Si tu t'interroge sur ta relation et que tu ou vous avez besoin d'y voir plus clair, je suis à l'écoute.
Sophie Bakan
Comments