Dependance affective ou amour véritable ? Faites la différence
- Sophie Bakan Thérapeute
- 15 avr.
- 5 min de lecture

L’amour ne fait pas souffrir. C’est l’illusion qu’on en a construite qui nous dévore. Dans mon cabinet, ce sont souvent les mêmes mots qui résonnent : « Je l’aime, mais je ne me reconnais plus. », « Je ne sais plus ce que je veux, je ne vis que pour lui. », « Quand il s’éloigne, j’ai l’impression de mourir. »
Ce n’est pas de l’amour. C’est une dépendance. Et c’est tout sauf anodin.
En tant que thérapeute, je le dis avec clarté : ce n’est pas ton couple qui te détruit. C’est ton système d’attachement, activé, à vif, incontrôlable, que tu appelles amour. Il est temps de faire la distinction. Parce qu’on ne bâtit pas une relation sur une plaie béante. On la bâtit sur un socle : la conscience de soi, la capacité d’être seul.e, la vérité de ses besoins.
Ce que tu lis ici, ce n’est pas un article. C’est un miroir. Prends-le comme un acte de lucidité. Et peut-être, de renaissance.
Qu’est-ce que la dependance affective, d’un point de vue thérapeutique ?
La dependance affective est un mécanisme de survie. Elle ne naît pas de la relation, elle s’y révèle. Elle précède le lien. Elle s’y accroche, s’y agrippe, s’y noie.
Elle est le fruit d’un système d’attachement insécurisé. Elle vient de l’enfant en toi qui n’a pas appris à se sentir complet.e seul.e. Qui n’a pas reçu l’amour stable, inconditionnel, non-négociable, dont il avait besoin. Alors il cherche. Inlassablement. Non pas l’autre. Mais la réparation.
Et dans ce processus, tu appelles ça aimer. Mais ce n’est pas de l’amour. C’est une tentative désespérée de combler un vide.
La dépendance affective s’exprime par :
Un effondrement intérieur dès que l’autre s’éloigne,
Une peur panique de l’abandon, même irrationnelle,
Le renoncement progressif à ton identité, tes projets, tes limites,
Une oscillation entre hyperfusion et désespoir,
Une incapacité à être seul.e sans douleur psychique..
L’origine : comprendre, ce n’est pas justifier, mais c’est commencer à se libérer
Tu n’as rien raté.Tu n’es pas « trop » ou « pas assez ».Tu es un être humain en quête de réparation.
La dépendance affective est un héritage émotionnel. Elle s’inscrit dans l’histoire de l’attachement. Cela peut venir d'un parent instable, distant, imprévisible ou hypercontrôlant. D'une éducation basée sur la performance, la conformité, le silence. Ou encore d'une absence d’un miroir affectif qui t’a permis de savoir qui tu es, même sans faire, donner ou plaire.
Ton inconscient a alors intégré que tu dois mériter l’amour. Et qu’il faut se suradapter, anticiper, se tordre… pour ne pas être rejeté.e. C’est ce programme-là que tu actives, aujourd’hui, dans ton couple. Ce n’est pas ta faute. Mais c’est ta responsabilité d’en sortir.
« La dépendance affective ne parle pas d’amour. Elle parle d’une urgence intérieure : celle de ne pas disparaître. » - Sophie Bakan
Comment repérer la dependance affective, quand elle se fait passer pour de l’amour ?
C’est là que la confusion s’installe, et qu’elle fait le plus de dégâts.
Parce que la dépendance affective ressemble à de l’amour. Elle en a l’intensité, le feu, l’obsession. Elle fait battre le cœur plus fort, donne l’illusion d’une passion hors du commun. Mais en réalité, ce que tu ressens, ce n’est pas une connexion à l’autre. C’est une activation de ton système nerveux, une forme de tension intérieure que tu interprètes comme de l’amour, alors qu’il s’agit souvent d’un signal d’alerte psychique.
Tu crois aimer… parce que tu ressens beaucoup. Mais ce beaucoup, c’est peut-être l’expression d’une insécurité profonde. Pas d’un lien juste.
Alors, comment savoir ? Comment faire la différence entre un attachement profond et une dépendance affective déguisée en amour ?
Tu peux commencer par t’observer, sans jugement. Avec cette bienveillance ferme que j’enseigne à mes patient.e.s. Est-ce que tu te reconnais dans ce lien, ou est-ce que tu t’y perds ? Est-ce que tu sens que tu peux exister à côté de l’autre, ou est-ce que tu t’effaces peu à peu ? Quand l’autre n’est pas là, est-ce que tu ressens un simple manque… ou un vide qui t’aspire ?
Et surtout : est-ce que tu veux être avec cette personne, ou est-ce que tu as besoin d’elle pour ne pas t’effondrer ?
L’amour véritable permet de rester en lien avec soi. Il ne t’engloutit pas. Il ne vient pas remplacer quelque chose en toi, il l’accompagne. Il te laisse debout, les deux pieds bien ancrés dans ton propre territoire intérieur.
Ce que la dependance affective détruit silencieusement
Elle agit comme un poison lent, presque invisible. Au départ, tu crois que tu fais des compromis. Que tu donnes beaucoup parce que tu aimes beaucoup. Que l’amour, c’est ça : tout donner, tout pardonner, tout supporter.
Mais non. L’amour ne demande pas ça. La dépendance, elle, si.
Elle vient ronger des piliers essentiels :
Ta dignité, car tu tolères des comportements qui t’humilient.
Ton intégrité, car tu dis oui quand tu penses non, par peur de perdre.
Ton estime, car tu remets ta valeur entre les mains de l’autre.
Peu à peu, tu te décentres. Tu t’adaptes. Tu contrôles. Tu t’oublies. Et quand l’autre s’éloigne, tu ne ressens pas seulement de la tristesse : tu ressens une angoisse existentielle.
La dépendance affective te pousse à sacrifier ta vérité pour ne pas être seul.e. Et dans ce sacrifice, tu t’appauvris.Tu perds la boussole.Tu deviens étranger.ère à toi-même.
Ce mécanisme crée des cycles presque toujours identiques :Tu te fonds dans l’autre. Tu attends qu’il ou elle te comble. Tu t’épuises. Tu t’agaces. Tu t’en veux. Puis tu recommences.Encore. Et encore.
Sortir de cette spirale demande plus que de la volonté : cela demande une révolution intérieure.
Aimer autrement : sortir de la dépendance n’est pas renoncer à l’amour
Non, ce n’est pas parce que tu apprends à poser des limites que tu es égoïste. Ce n’est pas parce que tu ne veux plus t’abandonner que tu n’as plus envie d’aimer.
Sortir de la dépendance affective, ce n’est pas se fermer. C’est ouvrir autrement. C’est transformer un besoin en choix.
Cela suppose un changement profond de posture intérieure. Un basculement. Tu n’es plus à la recherche de quelqu’un qui va te réparer. Tu te répares toi-même. Tu n’attends plus qu’on vienne te reconnaître. Tu te reconnais d’abord. ET à partir de là… tu peux aimer. Sans peur. Sans masque. Sans te sacrifier.
Tu apprends à :
Être en lien tout en restant centré.e. Tu n’as plus besoin de te déformer pour rester aimé.e.
Accueillir les silences, les espaces, l’éloignement de l’autre, sans t’écrouler. Tu as un point d’ancrage à l’intérieur.
Faire la différence entre la peur de l’abandon et le désir sincère d’être avec quelqu’un. Tu sais maintenant que le manque n’est pas toujours une preuve d’amour.
Te suffire à toi-même sans te refermer. Ton cœur est ouvert, mais il n’est plus à nu.
Ce processus, je ne te mentirai pas, est long, exigeant, inconfortable. Mais il est aussi libérateur, transformateur, fondateur.
Ce travail ne se fait pas en surface. Il demande d’aller revisiter les premiers liens, les premières blessures, les promesses que tu as faites à toi-même pour survivre. Il demande de désactiver les programmes de peur pour en écrire de nouveaux. Il demande un accompagnement solide, incarné. Et une décision : celle de ne plus confondre amour… et besoin vital de reconnaissance.
Tu ne manques pas d’amour.
Tu manques de lien à toi.
Ce n’est pas lui, ce n’est pas elle, ce n’est pas l’amour qui t’abîme. C’est l’absence de lien à toi, que tu projettes dans la relation.
La bonne nouvelle ?Tu peux changer ça. Tu peux transformer ton rapport à l’amour, à toi-même, à l’autre.
L’amour ne devrait pas te faire perdre pied. Il devrait t’enraciner plus fort.
Si tu veux sortir à ton rythme de la dependance affective, je suis là.
Sophie Bakan
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